Didier Dessus

"Glissé-posé"

16 septembre - 16 octobre 2004

Communiqué de presse

Site de l'artiste

A la surface de mes peintures récentes, les figures de biches (c’est le nom que je leur donne) ne représentent pas un animal particulier directement identifiable, les figures ont des positions plus que des attitudes. Les membres étirés des animaux apparaissent comme déformés par anamorphose.

La monochromie noire des biches est pour moi une façon de rappeler l’ombre, les figures évoluent dans un espace sans profondeur dont la pesanteur est absente, elles laissent parfois percevoir les couleurs des fonds monochromes sur lesquels elles semblent glisser. Le mode de peinture que j’ai choisi apporte pourtant aux dessins d’origine un grain fin, une matière fine qui leur donne une consistance picturale minimum. Les mouvements de sauts, de courses et de danses mettent les biches du côté de la vie et de l’énergie vitale alors que leur planéité les met du côté des ombres et des spectres impalpables, des fantômes et des fantasmes.

Parallèlement à la série des biches, celle des figurines tente une autre approche de la peinture. Les peintures sont faites d’après des modèles de « petits soldats » en aluminium ou en plastique. Ce sont des objets a priori anodins, cassés souvent, naïfs toujours, mais pour moi toujours émouvants. Mes figurines-modèles sont tout sauf des objets sans qualités. Je les choisis pour les réminiscences de la peinture d’histoire qu’elles portent en elles. Ces humbles objets sont pour moi des fantômes de la sculpture classique, ils sont le reflet de la culture des artisans qui les ont créés. Tel cavalier arabe me fait penser à la statue équestre de Charlemagne, tel indien bandant son arc à genou évoque Bourdelle, tel autre dressé avec son auréole de plumes est comme un Christ en majesté. C’est cette série qui m’a permis d’aborder une série de dessins ayant pour modèles des images issues de l’histoire de l’art.

Les figurines sont masculines et guerrières, les femmes sont rares, les seules que l’on trouve portent des seaux ou des enfants, ce sont des fermières ou des indiennes. Les jouets sont des images, ils donnent à voir des représentations, la vision du monde qu’ils reflètent est celle que l’on voudrait faire partager aux enfants. Mon geste d’artiste tente de mettre en évidence cette charge politique tout en la faisant passer derrière la charge picturale qui lui fait contrepoids. Je n’oublie pas non plus que l’exposition est la conquête d’un espace, l’occupation d’un territoire, j’essaie d’établir dans le mode même d’accrochage, une analogie avec les guerres symboliques de conquête que sont le jeu de go et les échecs.

Dans ma production, cette série des figurines occupe une place à part, elle coexiste avec le travail parallèle sur les « biches » qui est le pendant animal à cette série où l’humanité est figurée sous la forme d’objets en des sortes de nature mortes.