Marc Lathuillière

16 mars - 15 juin 2013
Résidence dans le cadre des
Extra ! Nuits Sonores
Performance "Les dérivants"

Communiqué de presse

Site de l'artiste

« Les dérivants »
Performance sur la pointe de l’Île barbe
8 Mai 2013 –  20h30

Dans le cadre des Extra! Nuits Sonores
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Avec le soutien de LEC Lyon

Avec les projets de :
Brigitte Amarger ; Camille Courier de Méré ; Lili Bel ; Marianne Afsar  Soltani Azad ; Mathilde Mestrallet ; 
Mirella Rosner ; Nadya Bertaux ; Ramsà ; Annemarie Vesco ; Caroline Kennerson ; Ernesto Timor ; 
Fantino Romy ; Gea Casolaro ; Nadine Lahoz-Quilez ; Laura Ben Haïba ; Laure JM Girard ; Laurence Cathala ; 
Elise Sorin et Gaëlle Retiere ; Marion Brusley ; Serge Mouraret ; Sylviane Masson ; Sylvie Sauvageon ; 
Valère Mouchet ; Anne Marie Jeannou ; Cesar Ramiro ; Evelyne Postic ; Françoise Saur ; Olivier Alibert ; 
Céline Tuloup ; Jérôme Borel ; Laetitia Lorre ; Marguerite Noirel ; Martine Mougin ; Ampoule theatre ; 
Zoe Benoit ; Catherine Van den Steen ; Cecile Azoulay ; Cécile Brigand ; Jean Cerezal-Calizio ; 
Claire Maugeais ; Vincent Debanne ; Donatien Garnier ; Eve Bonneau ; Julien Sirven; Juliette Parisot ; 
Laurent Fievet ; Marc Molk ; Herve Ic ; Séverine Grenda ; Aurélie Roustan ; Franck Claudon ; Florian Bruno ; 
Jürgen Schneider ; Amandine Zaïdi ; Cindy Lelaurin ; Johan Parent ; Claire Le Pape ; Katia Iraguy ; 
Raphael Boissy ; Marc Lathuillière ; Alice Lapalu ; Lucja Ramotowski Brunet ; Matt Coco ; Jérémie Dauliac ; 
Nelson Aires ;  ; Jérôme Dupré La Tour

 Cliquez ici pour voir une vidéo de la performance

Situation publique et fédérative, Les dérivants consiste en la mise à l’eau, au crépuscule, d’une soixantaine de bouteilles lumineuses scellées, contenant des projets artistiques avortés. Elle fait écho à deux traditions lyonnaises : la descente du beaujolais par la Saône, et la fête des lumières.

> Concept

Réflexion sur le travail de l’artiste, et sur celui du commissariat et de la médiation culturelle, Les dérivants part d’un constat : pour beaucoup d’artistes plasticiens aujourd’hui, la conception de projets, réponses à des appels à candidatures, est devenue une activité à part entière. Devant la masse des propositions, tous ne sont pas lus par les jurys, et encore moins sont retenus et verront effectivement le jour. Ce mécanisme génère une importante production artistique fantôme, condamnée à restée sur le papier, ou à être reformulée.

Pour l’artiste, rédiger un projet et l’envoyer à son destinataire revient ainsi souvent à confier une bouteille à la mer. Il s’ensuit un complexe travail de deuil. Les dérivants se propose donc, par une poétique de l’eau, de la lumière et du devenir, de prendre en compte cette production des limbes : de lui donner une existence, tout en mettant en perspective la difficile question de la sélection par une résidence, en l’occurrence L’attrape-couleurs.

 

> Pratique et poétique

La première étape est, avec l’équipe de L’attrape-couleurs, une plongée dans les archives de la résidence, et des candidatures passées. Ce travail, réflexion croisée d’un artiste et d’une institution sur la question du possible et du réalisé, et qui passe par des reprises de contact avec les artistes ayant candidaté, aboutit à la collecte, sur papier, de plusieurs dizaines de projets non réalisés. Dans un second temps, un mailing plus large permet de collecter auprès d’artistes des projets refusés au terme d’autres candidatures (résidences, expositions, biennales, festivals…).

Ceux-ci seront mis dans des bouteilles scellées, accompagnés d’une note sur le projet et d’un numéro de série. Comme des balises, ces bouteilles porteront dans leur goulot une diode lumineuse. Par ce geste de Marc Lathuillière, et le projet de l’artiste qu’elle porte, la bouteille de récupération devient « Dérivante » : une œuvre flottante.

Le soir du 8 mai, dans le cadre du parcours Extra! des Nuits sonores, ces bouteilles seront mises à l’eau dans la Saône, à la pointe de l’île Barbe. D’abord maintenues ensemble par une nasse, elles seront ensuite lâchées dans le flux de la rivière. Ce geste poétique instaure un possible : lumineuse, donc repérable, la bouteille porteuse du projet sera probablement repêchée, ouverte, et le projet lu. L’autre versant de cette hypothèse étant, en un geste de deuil et d’oublie, l’abandon du projet à l’élément fluvial et, in fine, maritime : au bain cosmique originel. Comme les semences des animaux aquatiques, répandues dans l’eau, il s’agit bien là d’opposer au refus de l’artiste, ou à son renoncement, un devenir.

La dimension à la fois rituelle, poétique et éphémère des Dérivants justifie que ce moment soit aussi celui d’une performance sonore et musicale.

 

> Environnement

Seuls des matériaux non toxiques pour l’environnement fluvial et maritime, et biodégradables, seront utilisés : verre, piles salines, papier, sable.

Soigneusement scellées, les bouteilles de récupération évoquent le recyclage. La lumière qu’elles portent (durée de vie des piles : 10 jours) assure leur visibilité et la probabilité d’un repêchage. Leur système de lest en sable permet une flottaison à la verticale. Celle-ci les rend repérables comme porteuses de message. Elle empêche également qu’elles se brisent contre ponts et bateaux.

Sur conseil du SPAP (Syndicat français des fabricants de piles et d’accumulateurs) et de l’organisme de recyclage Corépile, les piles employées sont salines – conductivité à l’eau salée – et faites de deux métaux non lourds, non toxiques, biodégradables par corrosion dans l’environnement aquatique : le zinc et le carbone.

Lumineuses, portant un message roulé et un numéro de série, flottant à la verticale, les « Dérivantes » sont bien l’opposé de déchets : des œuvres flottantes, recyclables par le fait d’être gratuitement offertes à ceux qui les repêcheront.

photos courtesy de Raphael Boissy, Marc Lathuilliere, Bernard Pilorge, Bruno-Edouard Perrin