Nikolas Fouré

Dessins, sculptures, photographie

Du 14 Septembre au 26 Octobre

Communiqué de presse

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« Passer »

 

Nikolas Fouré, né en 1976. Vit et travaille à Rennes.

Il a étudié aux Beaux Arts de Lorient et de Quimper. Il a à son actif de nombreuses expositions personnelles et collectives dans les régions de l’ouest de la France.
Il est invité à l’attrape-couleurs lors d’une résidence cet été, suite à laquelle, il présentera l’ensemble de ces travaux produits in situ et des oeuvres plus anciennes dans une exposition personnelle, en résonance à la biennale d’art contemporain 2013.
Le travail de Nikolas Fouré joue de la représentation des éléments du paysage et de la mise en oeuvre d’objets et matériaux du quotidien.
Nikolas Fouré s’attarde à disséquer autant qu’à synthétiser les codes conventionnels et euclidiens de l’espace et notre façon de l’habiter.
La répétition, les renversements conceptuels et les matériaux prosaïques sont ses outils pour questionner les relations qui peuvent exister entre la biologie et l’architecture, l’affect et les algorithmes, la physiologie et la géométrie…

«La chose et le quelque chose

Considérons-nous donc installés parmi la multitude des choses, des vivants, des symboles, des instruments et des hommes, et essayons de former des notions qui nous permettent de comprendre ce qui nous arrive là. Notre première vérité, _ celle qui ne préjuge rien et ne peut être contestée, sera qu’il y a présence, que «quelque chose» est là et que «quelqu’un» est là. Avant d’en venir au «quelqu’un», demandons nous ce que c’est que le «quelque chose».(1)

«D’une manière générale, les formes et les gestes que je fais exister questionnent l’individu et le monde dans lequel nous vivons, comment il agit sur nous et comment nous agissons sur lui. Quelles sont les inter-relations dans cet espace commun ? Comment le monde nous construit autant que nous le construisons ?
Ces interrogations convoquent les représentations du paysage (quotidien ou lointain), ses stéréotypes et ses idiosyncrasies.

Dans cet écart – inframince – entre soi et le monde, j’aime à provoquer des présences : sculptures, dessins, photographies.
Le scénario de l’exposition débute par son titre « Passer », verbe intransitif et polysémique.
Tout en étant dans le mouvement, l’action, ce verbe à l’infinitif présent évoque aussi son homonyme : le passé – une façon d’activer le temps.
Passer détermine le passage d’un état à un autre, d’une condition à une autre, sans interruption, dans une relative continuité : par exemple lorsqu’il s’agit de passer de la réalité à la fiction, nulle frontière mais la transformation – quasi magique – d’un état en un autre.
Dans cette perspective, l’histoire de la représentation est convoquée, de sa présentation à la fiction ; une ombre les sépare. À moins que ce ne soit ses fantômes ou bien encore son génome que l’on nomme parfois Abstraction. Cet écart aussi nanométrique que charnel se répand en surface, c’est une peau, un voile.

Y a t-il un point de rencontre entre la géométrie et la géographie ?
En quoi un paysage n’est pas la présentation d’une représentation ?
Passer et se retourner, cela n’empêche.
Passer à l’acte, passer devant et derrière, dessus et dessous : la puissance de l’infinitif active l’irrésolu, le possible des idées.

Passer c’est se promener, aller à la rencontre, répéter. C’est émettre du geste. C’est tracer des sillons dans nos paysages, qu’ils soient de sable ou de silicium, c’est activer nos corps et nos mémoires. La trace est le scripte d’un acte.
Dans cette exposition sont évoqués des éléments de la Nature et de la géométrie, l’eau, l’air, le bleu du ciel et de la mer comme les personnages d’un récit à activer.»

«À présent, on a oublié que le geste de parler est une séquence du geste de se taire, une rupture critique de ce geste. Les portes des mots se sont ouvertes pathologiquement et les causeries, la logorrhée, inondent partout la campagne. On cause, car on a oublié comment il faut parler et on l’a oublié, car on a oublié comment se taire ; Les mots ont perdu leur splendeur. Il est devenu ridicule d’affirmer que la parole est la demeure de l’être, si elle sort de la T.V. Il faut, si on veut saisir l’essence du geste de parler revenir en arrière à des situations où parler avait encore un sens, par exemple chez des paysans ou chez des gens habitués à vivre dans la solitude (ou, peut-être chez des philosophes). Ce poids originel du geste de parler, cette mesure dans les paroles, ce choix difficile et délicieux des mots, c’est cela le geste qui franchit la barrière de se taire. Il s’agit donc dans le geste de parler d’un geste décisif : de la décision de rompre les freins qui font taire la parole. Le geste de parler n’est pas comme le geste de causer et, avant l’inflation des mots, les paroles avaient un grand poids. Nous sommes en train d’abandonner l’époque des paroles et de la splendeur pour pénétrer dans celle des mots et des choses.» (2)

(1) Le Visible et l’invisible, Maurice Merleau-Ponty, éditions Gallimard, collection Tel, p.210-211.
(2) Les Gestes, Vilém Flusser, coédition HC-D’ARTS, 1999, p.31.